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Accueil > Histoire et Patrimoine > Mémoire & Histoire locale > Le col du Banchet

Généralités
Mis en ligne le 16 juillet 2008 par
Dernière mise à jour le 20 août 2008
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 PREAMBULE

Une première édition papier de l’histoire du col du Banchet avait été distribuée en 1996. Elle avait été reprise intégralement en 2000 sur le site internet « ayn.free.fr ». Depuis de nouveaux éléments ont été portés à notre connaissance, qui ont profondément modifié la vision que l’on pouvait se faire de l’histoire religieuse du col. Nous avons pris le parti de réécrire intégralement ce chapitre afin qu’il soit plus clair, mais de laisser accessible l’ancienne version - trop technique et un peu touffue - pour permettre à tout un chacun d’avoir quand même accès à l’intégralité des textes disponibles à l’époque. Il n’échappera à personne que les conclusions de cette nouvelle version priment sur celles de l’ancienne. Les autres chapitres ont également subi des modifications mineures mais elles ne justifient pas de conserver les anciennes versions.

 ETYMOLOGIE

La mention la plus ancienne actuellement connue est un texte de 1308 où apparaît la forme : « Rupes deuz Ranchets ». Le chanoine Adolphe Gros donne l’étymologie suivante : « Petit banc, lisière de bois ou de pré, mais aussi nom d’homme. »

L’ancienne graphie utilise le pluriel comme la tradition locale d’ailleurs : « on monte les Banchets », contrairement à la cartographie moderne qui parle du Col du Banchet.

 LE COL EN TANT QUE PASSAGE

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Le col a de tout temps été une voie de passage et il y passe d’ailleurs un chemin assez ancien dit - sans doute abusivement - « voie romaine » qui en présente quelques caractéristiques, notamment le pavement et la rectitude.



Il est nécessaire de préciser, pour être rigoureux, que le terme de « voie romaine » s’applique à un itinéraire de grande envergure utilisé de façon intense, comparable à nos actuelles grandes nationales et autoroutes. Le passage et le croisement des chariots pouvait se réaliser sans problème sur toute la voie excepté de très cours passages, ce qui ne semble pas avoir été le cas du Banchet dont la largeur devait tout au plus faire trois mètres dans les parties délicates. Les voies romaines possédaient aussi des caniveaux, voire des drains qui semblent absents au Banchet. La voie romaine du Fier en amont de Seyssel présente par exemple une largeur de l’ordre de 4 à 5 m au minimum lorsqu’elle est intégralement en tranchée dans le roc dans des conditions autrement plus délicates que dans le col du Banchet. Pour notre col du Banchet, qu’il s’agisse d’un itinéraire protohistorique réaménagé ou d’une création à l’époque gallo-romaine, il ne doit s’agir sans doute que d’une voie secondaire et non d’une voie « prétorienne ».

Il semble difficile d’affirmer de façon certaine que ce puisse être une déviation de la voie romaine de Aoste - Belmont - La Bridoire, bien que la difficulté du passage ait nécessité des travaux relativement importants que le moyen âge semble incapable d’avoir mené à bien.
Le col de la Crusille en direction de Saint Genix, et le passage du Gollet de la Rochette entre Lépin et la Bridoire paraissent avoir été plus praticables.

Des érudits (F.Girard, Vemeilh) se sont cependant prononcés en faveur du passage par le Banchet pour la liaison Chambéry-Aoste : Lemencum (Chambery-Lemenc), Cognin, col de l’Epine ou du Crucifix, les Villas Doria, Novalaise, Ayn, col du Banchet, Verel de Montbel, Belmont-Tramonet, pont du Boutet, Aoste.

De toute façon, même en l’absence de preuves historiques certaines, il ne fait pas de doute que le col ait été très utilisé depuis des périodes très reculées. Sa situation de passage aisé entre les plateaux et le bas-pays suffit à comprendre que de tous temps, les hommes ont du utiliser la facilité de circulation que proposait le col. Des toponymes tels la Grand Vy et le Grand Chemin sont là pour attester de l’importance de l’itinéraire au moins pour l’économie locale.

Récemment une étude parue en 2006, dans la revue « le Bugey », reprend l’idée que le Banchet aurait pu être la voie prétorienne reliant Lemenco (Chambéry) et Augustum (Aoste). Cette étude paraît cependant insuffisamment documentée pour permettre d’affirmer que l’on est bien en présence d’une « voie romaine ». Nous nous contenterons donc de considérer que le passage du Banchet était très certainement pratiqué dès l’époque protohistorique, mais nous nous garderons bien de dire qu’il faisait partie des voies romaines au sens littéral du terme.

 LA ROUTE ACTUELLE ET LE « VIEUX BANCHET »

Plus récemment, une délibération de la communauté d’Ayn en 1758 adressée à l’Intendant Général du Royaume signale le mauvais état du passage du Banchet. Le 14 mars 1758 en réponse, l’intendant demande des justifications et une autre délibération du 16 septembre 1759 fournit un rapport détaillé des travaux à effectuer après une visite sur les lieux du conseil, du syndic et d’un maître maçon.

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En 1841, durant l’époque sarde, une étude complète sera réalisée pour un projet d’agrandissement. François Bovagnet, géomètre et commissaire aux chemin du district de Pont-de-Beauvoisin sera chargé de cette étude. Un plan sera levé, un métré fort bien documenté donne les cubages de pierre à extraire et les remblais à exécuter. Une série de coupes transversales donne une exacte idée des profils et de la largeur de l’ancienne route. Une coupe longitudinale est associée au plan. Outre les renseignements techniques, ce plan présente aussi l’intérêt de nous donner l’exact tracé de l’ancienne route. On y distingue le virage en épingle qui surplombe l’autoroute A43, l’emplacement de l’ancienne grange du marquis de Saint Séverin est indiqué et le chemin piétonnier actuel y est aussi porté.

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Finalement, la nouvelle route a été tracée après l’annexion, en 1897 pour la partie comprise entre le col et Vétonne. La partie comprise entre Verel et le col a été construite en plusieurs tronçons entre les années 1893 et 1895. Elle délaisse l’ancienne « voie romaine » qui est depuis devenue un simple chemin d’exploitation forestière. Bien que partiellement couverte de broussailles à son débouché au col et détruite sur la partie qui surplombe la route avant le virage en épingle au dessus de l’autoroute A43, elle est encore bien visible et son départ se situe après le col, du coté de l’ouest, en face de la carrière.

Il existe de plus un petit passage très direct mais un peu périlleux, nommé le Collu, fréquenté autrefois par les gens qui voulaient descendre rapidement sur Rochefort. Il ne semble plus utilisé actuellement sauf peut-être par les chasseurs.

 LES CARRIERES

Les carrières du Banchet semblent avoir été exploitées de temps immémorial et l’on trouve aux alentours de multiples excavations qui sont les reliques de petites carrières « familiales » utilisées par les agriculteurs qui y travaillaient à temps perdu. Elles étaient concédées par la commune ou les propriétaires et le produit d’exploitation était revendus. Le 2 novembre 1879 le conseil délibère sur une demande de plusieurs personnes, de créer une carrière, commune où chacun pourrait aller tirer des pierres pour une somme convenue. De même le 12 février 1882 le conseil municipal délibère pour relouer deux carrières situées dans le canton dit « du Pré » et dans celui du « Grand Charrey ». Le bail est établi pour neuf ans, et le cahier des charges ainsi que le procès verbal d’enchère du 25 mars 1873 sont reconduits. Les dernières exploitations de ce type produisaient dans les années 1950-1960 des matériaux d’empierrement qui étaient revendus à la commune ou aux Ponts et Chaussées.

Certaines carrières produisaient une pierre de meilleure qualité servant à faire les dalles de couverture des parapet ou de caniveau, ou encore les moellons « smillés ». Les contrats destinés aux entrepreneur qui soumissionnaient pour la construction de la route du Banchet précisaient quels types de matériaux étaient utilisés et leurs provenance. Nous savons ainsi que lors de la construction de la portion Verel - col du Banchet, les graviers d’empierrement provenaient de la carrière de François Bonnivard sur la parcelle n° 1996 de la mappe sarde. Les pierres de taille ordinaires venaient du même endroit, tandis que les moellons smillés, les dalles d’aqueduc et les pierres de tailles étaient extraites sur la parcelle n° 2002 appartenant au même propriétaire.

Plus récemment, avant d’être une école d’escalade la plus grande des carrières était une petite exploitation industrielle avec concasseur. Celui ci était situé en face et en contrebas de la carrière ce qui permettait de vider les blocs extraits, directement au niveau de la route. Il a été déposé dans les années 1970. Cette entreprise, la société Rivoire, qui exploitait les pierres comme fondant pour l’usine d’électrométallurgie de Chailles n’a fonctionné que peu de temps, environ un an, en 1965-1966.

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 LES ECHANGES DIVERS

Le col fut aussi un lieu de trafic pour les gens du cru, en effet un échange assez curieux rythma pendant des années la vie du col. Les agriculteurs « d’en haut » charroyaient du fumier aux agriculteurs « d’en bas » - avec des bœufs pour les plus aisés, des vaches pour la majorité - en n’oubliant pas de remonter en contrebande, de préférence de nuit, du vin de Belmont, de Verel ou d’Avressieux, ce qui donna lieu à d’épiques rencontres et à des récits certainement plus rocambolesques encore.

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SOURCES

Artru Philippe : Nouveaux éléments sur la voie romaine du col Saint Michel et Lavisco, Revue « Le Bugey », n° 93, imprimerie Gaillard, Belley, 2006.

Bernard Félix : L’abbaye de Tamié et ses Granges, 1132-1793, 1967 Imprimerie Allier Grenoble.

Charvet André : Les pays du Guiers, 1984 Imprimerie Arc-Isère. Montmélian.

Gros Adolphe : Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie, 1982 Imprimeries Réunies Chambéry.

Lagier-Bruno Lucien : Histoire des communes savoyardes, 1982 Edition Horvarth. Roanne.

Archives communales d’Ayn : Compte rendu des délibérations du conseil municipal, années 1870 à l892.

Archives Départementales de la Savoie :

Série C, Administration générale avant 1793 : C-506,

Série FS, Fond sarde : 11-FS-2332,

Série S, Travaux publics et transports après 1860 : 43-S-45 & 43-S-46

IGN, Carte au 1/25000 : N° 3333-OT Massif de la Chartreuse Nord, 1991 IGN. Paris.

Mappe Sarde : mappe copie de l’original de 1728, commune d’Ayn, Archives de Chambéry.

Mappe Sarde : mappe copie de l’original commune de Verel-de-Montbel, Archives de Chambéry .

Informations orales : collectées auprès d’habitants de la région.